Instabilité politique en Guinée-Bissau/ Political instability in Guinea-Bissau

La petite Guinée-Bissau fait les nouvelles mais, encore une fois, pour les mauvaises raisons. On a pointé du doigt cet État, l’un des plus pauvres d’Afrique, de servir de plaque tournante du trafic de drogue international, il est aussi connu pour ses changements violents de régime et, récemment, de s’être impliqué militairement dans les événements de Guinée-Conakry, il y a un peu plus d’un mois.

Aujourd’hui, le gouvernement de Joao Bernardo Vieira risque d’être renversé (lien enJoao Bernardo Vieira anglais). Vieira (voir image ci-contre) a été élu le 24 juillet 2005 pour former un gouvernement qui:

[promettait] d’oeuvrer pour la réconciliation, l’unité nationale, la paix sociale, la stabilité politique et le développement économique du pays.

“La réconciliation nationale est un facteur incontournable à l’unité de tous les Bissau-Guinéens”, a-t-il déclaré…

La parlement a voté une motion de non-confiance contre le président. Il faut savoir qu’une coalition s’est aussi formée la semaine passée et qui est constituée d’anciens partisans.

L’armée, force politique majeure dans le pays, n’a pas pris position et Viera lui-même est demeuré silencieux.

Vieira est celui qui a bouleversé la politique de Guinée-Bissau en 1980 en renversant Luis Cabral, demi-frère du père de l’indépendance de Guinée Bissau, Amilcar Cabral. Vieira et son groupe qui fomentèrent le coup, en voulaient à la politique “des Cabrals” qui favorisait trop les cap-verdiens. Il faut savoir que l’indépendance de Guinée-Bissau s’est faite en même temps que celle du Cap-Vert par Cabral, qui était lui même d’origine cap-verdienne bien que né en Guinée-Bissau (à Bafata).

Vieira a failli goûter à sa propre médecine en 1985 avec une tentative manquée (les mutins seront condamnés à mort) . Il instaurera une lente démocratisation du régime en 1991. Les premières élections libres auront lieu en 1994 et c’est Vieira qui les remportera avec 52% des voix. En 1998, une grave crise politique a lieu à cause d’une mutinerie de l’armée qui se révolte contre Vieira suite à sa décision de suspendre le général Ansumane Mané, accusé de trafic d’armes dans le but d’aider les indépendantistes de Casamance, au Sénégal. Mais Mané prendra la tête d’une insurrection armée contre le gouvernement de Vieira qui avait pourtant bénéficié de l’aide de 3000 soldats sénégalais et guinéens. Le 7 mai 1999, la junte militaire de Mané prendra le pouvoir et Vieira fuira au Portugal. Pour Mané, l’affront est lavé. Il semble que Vieira était, de toutes façons, impliqué lui aussi dans ce Kumba Yalatrafic d’armes. Cette situation intenable aura facilité la tâche de Mané.

Mané promet des élections qui auront bel et bien lieu en 2000 avec la victoire de Kumba Yala (voir photo à gauche, 72% des voix). Mais de vives frictions apparaîtront entre les deux hommes et qui mèneront à une autre insurrection de Mané. Cette fois, le gouvernement Yala l’arrêtera et Mané le paiera de sa vie. La gestion catastrophique de l’État par Yala provoquera un mouvement de grève et des grognements de la part de l’armée. Yala passait son temps à limoger ministres, juges et fonctionnaires. Des rumeurs de coup d’État, un autre, referont surface. Et c’est ce qui arrivera. L’incompétence de Yala forcera l’armée à le déposer. Yala s’engagera même à ne plus réapparaître dans la scène politique pendant 5 ans. Jusqu’en juillet 2005, date de l’élection de Vieira revenu du Portugal, la Guinée-Bissau s’enfoncera dans une spirale de chaos, avec des élections annulées et des mutineries militaires. En 2005, la victoire de Vieira, qui se présente comme un unificateur, est donc significative et est une lueur d’espoir pour une population qui vit dans le marasme économique depuis des décennies. C’est pourquoi la crise actuelle de 2007 est préoccupante. Car, advenant un supposé départ de Vieira, il y quelqu’un qui sautera sur l’occasion pour le remplacer…Kumba Yala.

Small Guinea-Bissau is making the news but for the wrong reasons. People pointed the finger at this country, accusing Guinea-Bissau, one of the poorest State in Africa, to serve as a hub for international drug trafficking (link in french). Guinea-Bissau is also known for the violent regime changes taking place and, more recently, for the role her army played in the events that occured in Guinea more than a month ago.

Today, it’s Joao Bernardino Vieira’s (picture above-right) government that may be toppled:

Guinea-Bissau’s parliament has passed a no-confidence motion against the country’s prime minister, triggering fears that more political instability could provoke violence as it has in the past.

Last week, many of President João Bernardo ‘Nino’ Vieira’s former supporters in parliament defected, creating a new coalition, which on Monday voted for the dismissal of Prime Minister Aristides Gomes, the president’s ally.

If Vieira dissolves parliament he would have to organise new parliamentary elections within 90 days, which donors have already said they would not support.

Many people in Bissau say they fear a dangerous new political crisis will end with conflict and the army taking over the impoverished, cashew-producing country as it did in 1999 and again in 2003.

Officially the army has not yet made any statement on the latest political developments but senior officials told IRIN that members of the army would consider stepping in.

“If the politicians are not able to solve their own problems we’ll not let them put the country into a deeper crisis,” said a high-ranking officer, speaking on condition of anonymity.

The military is deeply divided between senior officers who have received some of their salaries and low-ranking troops who have not. Most soldiers come from former president Kumba Yala’s Balanta ethnic group, while President Vieira has cultivated loyalty amongst some of the best-trained troops.

As of Tuesday President Vieira had not made any public comment.

  • Note: IRIN is United Nation’s Integrated Regional Information Networks.

Vieira was elected on July 24th 2005 (link in french), and presented himself as a a persons who wanted to unify the political class of the country in a great coalition.

He is also the one who disrupted the politics of Guinea-Bissau in 1980. He lead a coup d’État against Luis Cabral, stepbrother of Amilcar Cabral, the father of Guinea-Bissau’s independence. Vieira and his gang, thought that the Cabrals gave too much political power to the people of Cape-verdean origins. The independence of Guinea-Bissau was acquired along with Cap-Vert with Cabral leading the fight for both countries. Cabral himself was born in Guinea-Bissau (in Bafata) but from Cape-verdean parents.

Vieira almost got a taste from his own medicine in 1985 when a failed coup against him took place. He will slowly put in place a democratic regime in 1991 and the first free elections will happen in 1994. Vieira will win with 52% of the votes. In 1998 a political crisis will happen after the suspension of general Ansumane Mané. He was accused of arms trafficking in Casamance (Senegal) and helping the indepedentist movement. But Mané will lead a mutiny within the army that will turn into an insurrection. Even with the help of 3000 soldiers from Senegal and Guinea, Vieira will loose power to Mané in May 1999. Vieira will flee to Portugal and Mané, in power, will gain back his honor. It seems that Vieira himself was involved in the arms traffic with Casamance and the independentists, but Mané was a scapegoat. He will promise to step down from power after an election. That election will take place in 2000, with the victory of Kumba Yala (see picture, above-left) with 72% of the votes. Yala will be an incompetent. Quickly, he started to fire judges, ministers and civil servants. Mané and the army were unsatisfied and another military insurrection will start. But this time, Mané looses and he will be killed in a confrontation. But, with the catastrophic economic situation and the army still angry, Yala won’t last long. He will be deposed and a long political crisis involving the cancellation of elections and fights between armed factions will follow. Elections finally take place in 2005, and Vieira will come back to win them. But, in 2007, the present crisis brings back ghosts from the past: instability, dissatisfaction, protests and… Yes… Kumba Yala is coming back…