Morale de Sarkozy, approbation de Mbeki/ Sarkozy’s moral, Mbeki’s approbation

(Liens en français/ links in french)

The South African president thanks, in a letter sent to the Élysée, french President Nicolas Sarkozy for his speech at the Dakar University (Senegal) pronounced on July 26th 2007. The speech criticizes and sympathizes with Africa at the same time, bringing lots of critics and comments both in Senegal and Africa. The French paper, Le Monde, tells us that, for President Mbeki, the speech means that Africa is lucky to have a friend like Sarkozy. Of course, this opinion is far from being shared by all. If you can read french we invite you to read Sarkozy’s speech at the Élysée’s website and make up your own opinion.

Do you agree with Mbeki?

Selon Le Monde, Thabo Mbeki remercie le président français, Sarkozy, d’avoir prononcé son allocution de Dakar (Sénégal), le 26 juillet dernier, en abordant des thèmes qui semblent avoir eu des effets favorables aux oreilles du président sud-africain:

Le président sud-africain Thabo Mbeki remercie M. Sarkozy pour son discours de Dakar sur l’Afrique
LE MONDE | 14.08.07 | 15h41 • Mis à jour le 14.08.07 | 15h41

Thabo MbekiNicolas SarkozyAccueillie fraîchement à Dakar, qualifiée de “condescendante” par nombre d’observateurs, l'”adresse aux jeunes d’Afrique” prononcée par Nicolas Sarkozy, le 26 juillet, lui vaut a posteriori les félicitations de Thabo Mbeki, président de l’Afrique du Sud, première puissance du continent. Dans une lettre adressée au président français et rendue publique par l’Elysée, lundi 13 août, M. Mbeki adresse “sans hésitation des remerciements appuyés” à M. Sarkozy pour ce “discours puissant et émouvant”.

“Ce que vous avez dit à Dakar, monsieur le président, écrit le chef de l’Etat sud-africain, m’a indiqué que nous avons de la chance de pouvoir compter sur vous comme citoyen de l’Afrique, comme un partenaire dans le long combat pour mener à bien la vraie renaissance de l’Afrique dans le contexte de la renaissance de l’Europe et du reste du monde.”

Dans ce discours présenté comme le point fort de son premier voyage africain, le président français avait dénoncé longuement l’esclavage et les effets pervers de la colonisation tout en refusant toute repentance. Comme pour équilibrer les torts, il avait appelé les Africains à faire leur autocritique, désignant certains éléments de l’identité africaine comme responsables du sous-développement.

“Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’Histoire. (…) Jamais il ne s’élance vers l’avenir. (…) Dans cet univers où la nature commande tout (…), il n’y a de place ni pour l’aventure humaine ni pour l’idée de progrès”, avait déclaré M. Sarkozy, traité dès le lendemain de “donneur de leçon” par la presse sénégalaise et critiqué pour avoir dédouané la colonisation sous couvert de “sincérité”.

Le président sud-africain, lui-même à la tête d’un pays à la lourde histoire coloniale, n’évoque nullement ces passages du discours. Il préfère retenir les phrases qui voyaient le salut du Continent noir dans le métissage de l’Afrique avec l’Europe, fruit de la colonisation mais analysé comme un “appel de la liberté, de l’émancipation et de la justice”.

“Je comprends pleinement le défi face auquel vous nous placez en tant qu’Africains, approuve M. Mbeki, qui cite en français le passage du discours selon lequel “ce métissage, quelles que fussent les conditions douloureuses de son avènement, est la vraie force et la vraie chance de l’Afrique au moment où émerge la première civilisation mondiale”.

M. Sarkozy devrait avoir bientôt l’occasion de poursuivre de visu le dialogue avec M. Mbeki. Annulée au dernier moment, l’étape sud-africaine de son voyage de juillet a été reportée à l’automne.

Philippe Bernard

L’allocution de Sarkozy peut être lue sur le site de l’Élysée. Nous avons remarqué un passage qui rend compte des critiques qui affublent Sarkozy du qualificatif de “donneur de leçons”:

Le problème de l’Afrique et permettez à un ami de l’Afrique de le dire, il est là. Le défi de l’Afrique, c’est d’entrer davantage dans l’histoire. C’est de puiser en elle l’énergie, la force, l’envie, la volonté d’écouter et d’épouser sa propre histoire.

Le problème de l’Afrique, c’est de cesser de toujours répéter, de toujours ressasser, de se libérer du mythe de l’éternel retour, c’est de prendre conscience que l’âge d’or qu’elle ne cesse de regretter, ne reviendra pas pour la raison qu’il n’a jamais existé.

Le problème de l’Afrique, c’est qu’elle vit trop le présent dans la nostalgie du paradis perdu de l’enfance.

Le problème de l’Afrique, c’est que trop souvent elle juge le présent par rapport à une pureté des origines totalement imaginaire et que personne ne peut espérer ressusciter.

Le problème de l’Afrique, ce n’est pas de s’inventer un passé plus ou moins mythique pour s’aider à supporter le présent mais de s’inventer un avenir avec des moyens qui lui soient propres.

Le problème de l’Afrique, ce n’est pas de se préparer au retour du malheur, comme si celui-ci devait indéfiniment se répéter, mais de vouloir se donner les moyens de conjurer le malheur, car l’Afrique a le droit au bonheur comme tous les autres continents du monde.

Le problème de l’Afrique, c’est de rester fidèle à elle-même sans rester immobile.

Le défi de l’Afrique, c’est d’apprendre à regarder son accession à l’universel non comme un reniement de ce qu’elle est mais comme un accomplissement.

Le défi de l’Afrique, c’est d’apprendre à se sentir l’héritière de tout ce qu’il y a d’universel dans toutes les civilisations humaines.

C’est de s’approprier les droits de l’homme, la démocratie, la liberté, l’égalité, la justice comme l’héritage commun de toutes les civilisations et de tous les hommes.

C’est de s’approprier la science et la technique modernes comme le produit de toute l’intelligence humaine.

Le défi de l’Afrique est celui de toutes les civilisations, de toutes les cultures, de tous les peuples qui veulent garder leur identité sans s’enfermer parce qu’ils savent que l’enfermement est mortel.

Les civilisations sont grandes à la mesure de leur participation au grand métissage de l’esprit humain.

La faiblesse de l’Afrique qui a connu sur son sol tant de civilisations brillantes, ce fut longtemps de ne pas participer assez à ce grand métissage. Elle a payé cher, l’Afrique, ce désengagement du monde qui l’a rendue si vulnérable. Mais, de ses malheurs, l’Afrique a tiré une force nouvelle en se métissant à son tour. Ce métissage, quelles que fussent les conditions douloureuses de son avènement, est la vraie force et la vraie chance de l’Afrique au moment où émerge la première civilisation mondiale.

Une telle envolée aurait-elle attirée autant de critiques et commentaires si elle avait été prononcée par un autre leader que le président Sarkozy? Mbeki a-t-il eu raison de se réjouir?

3 comments

  1. Jusqu’à présent Thabo Mbeki est le seul à avoir fait des félicitations à Sarlozy sur le discours de Dakar. On justifie cela en ne parlant que des passages qui sont acceptables.

    C’est d’ailleurs la seule réaction à laquelle le Président de la République française a fait répondre. Avouant par là-même être incapable de répondre de manière pertinente aux milliers d’autres réactions qui ont été elles négatives.

  2. D’aucuns s’étonnent des “félicitations” du Président Mbéki à son homologue français. Il faut bien analyser le contenu pour mieux comprendre les sentiments négatifs que le Président Mbéki a voulu exprimer, comme ce passage:”“Ce que vous avez dit à Dakar, monsieur le président, écrit le chef de l’Etat sud-africain, m’a indiqué que nous avons de la chance de pouvoir compter sur vous comme citoyen de l’Afrique, comme un partenaire dans le long combat pour mener à bien la vraie renaissance de l’Afrique dans le contexte de la renaissance de l’Europe et du reste du monde.” Celà signifie. si vous etes Africain, démontrez-le par les faits et non par les discours. N’oublions pas que c’est le Président Mbèki qui a toujours contré les actions néfastes de la France en Cote d’Ivoire…Et alors, il faut comprendre que ses félicitations à Sarkozy ne sont autres que des poisons. C’est çà la vraie communication…

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